PASIPHAE
d'Henry de Montherlant
suivi du CHANT DE MINOS (extrait) d'Henry de Montherlant et PASIPHAE (extrait) d'Euripide
mise en scène de Damiane Goudet
Compagnie Théâtrale Francophone
avec : Isabelle Candito, Audrey Chamare, Félicie Fabre, Soizic Fonjallaz, Françoua Garrigues, Anne Janvoine, Karine Laleu, Aurore Monicard, Clara Montero, Audrey Nobis, Tanya Ridel et Anne-Lise Roland
costumes : Vanessa Gastou et Gisèle Laleu
lumières : Christophe Glöckner
Montherlant L'Intégrale - Salle Laborey du Théâtre du Nord-Ouest - Paris (Juin-Décembre 2006)
PASIPHAE
d'Henry de Montherlant
suivi du "Chant de Minos" (extrait) d'Henry de Montherlant et "Pasiphae" (extrait) d'Euripide
mise en scène de Damiane Goudet
costumes : Vanessa Gastou et Gisèle Laleu
lumières : Christophe Glöckner
avec : Isabelle Candito, Audrey Chamare, Félicie Fabre, Soizic Fonjallaz, Françoua Garrigues, Anne Janvoine, Karine Laleu, Aurore Monicard, Clara Montero, Audrey Nobis, Tanya Ridel et Anne-Lise Roland
Théâtre du Nord-Ouest (2006)
« "Pasiphaé" - mais si, on s'y fie quand même. Excellente nouvelle : Le T.N.O. a entamé très discrètement depuis début Juillet un cycle Montherlant. L'intégrale, soit seulement 16 pièces en alternance, c'est beaucoup moins que pour le cycle Jeanne d'Arc par exemple. On ne se pardonnerait donc jamais, et puis pour d'autres raisons, de ne pas toutes les voir, d'ici fin décembre.
Comme on est prudent, on a commencé dès hier soir. Par une entrée atypique: "Pasiphaé" m.e.s. par Damiane Goudet. La pièce est -semble-t-il- composée d'extraits du Chant de Minos de Montherlant, et de "Pasiphaé" d'Euripide. Comme on ne connaissait aucun des deux textes, on a pas été gêné par les enchaînements.
Révision : Pasiphaé, Reine de Crète et épouse de Minos, éprouve une attirance violente et irrésistible pour un taureau. Jusqu'à y céder. De cette union naitra: le Minotaure, vous l'avez deviné.
Le sujet était donc très improbable, littéralement monstrueux. Et délicat à représenter.
Mais, de par la force du texte et/ou de l'interprétation, rien n'a basculé dans le ridicule, à aucun moment. Car c'était de la passion, extrême forcement, dont il était question, celle qui se considère elle-même horrifiée, qui craint et brûle de se dévoiler au monde, mais persiste à se consumer jusqu'à s'accomplir tristement, toute jouissance morte née.
Il faisait donc très chaud, le jeu halluciné de Pasiphaé était aussi grave que le lieu, le choeur féminin chantait juste et montait en crescendo, on se sentait plus que jamais taureau. »
Guy Degeorges - Un soir ou un autre (19 Juillet 2006)
http://unsoirouunautre.hautetfort.com/archive/2006/07/19/pasiphae-mais-on-s-y-fie-quand-meme1.html
« Zeus prit la forme d’un taureau pour séduire Europe, laquelle engendra alors Minos. Devenu roi de Crète, ce dernier demanda à Poséidon de lui dépêcher une bête semblable afin de la lui sacrifier. L’animal qu’il reçut était tellement superbe qu’il l’épargna, souhaitant en faire un reproducteur. Pour se venger le dieu de la mer rendit fou son taureau. Epouse de Minos, Pasiphaé la « toute lumineuse » fille du Soleil et déjà mère de nombreux enfants, se prit de passion pour l’animal divin et leur Minotaure vint au monde. Telle est la version de la mythologie de base. Poème dramatique, Pasiphaé fut écrit par Montherlant quelques années après que, toréant en Espagne, il ait été blessé par une incarnation de ce mythe solaire dont les relations entretenues de tous temps avec les humains le fascinaient, à l’égal des Anciens et de ces Occidentaux, qui, au Moyen-Âge représentaient volontiers des accouplements entre hommes et bêtes. S’il souhaite nous rendre proche son héroïne, le dramaturge le fait avec la fougue du poète de trente ans qu’il était alors et qui exalte la liberté d’un être revendiquant ses choix, quitte à en souffrir infiniment. A l’intention du chœur qui commente et juge la folie et la démesure de son personnage il a voulu une partition dans une langue sensuelle et lumineuse. Elle fait parfaitement écho à celle dont des extraits précèdent les dernières répliques de Minos résolu à châtier l’épouse scandaleuse. Soit une ultime scène où tous deux se jettent à la tête leurs déviances, congénitales ou non, et s’étreignent, pour se livrer ensuite à un simulacre de corps à corps, selon la mise en scène prenante de Damiane Goudet. Sur le plateau nu, elle a composé son chœur de quatre jeunes femmes fredonnant ou entonnant des airs à l’allure antique plus fascinants qu’un décor. Elles nous donnent le texte avec un égal bonheur. Félicie Fabre est la nourrice, chaleureuse et crédule, sensible au malheur de sa reine, cependant que celle-ci « sans fierté comme sans remords » lui demande de se borner à être son témoin: « Je suis ce que je suis et ne veux être rien d’autre ». A sa confidante sidérée, elle avait déjà déclaré: « Aujourd’hui, je recule la mort ». Minos, Françoua Garrigues a une présence véhémente à la hauteur de sa partenaire, Karine Laleu; Pasiphaé somptueuse, elle chante d’une voix à frémir, dit, danse et irradie le tout. Puis, comme insouciante, elle se prête au jeu proposé par sa très jeune fille Phèdre, fraîche et innocente, dont les interventions sont des ilôts de tendresse. L’assemblage de la Pasiphae et du Chant de Minos de Montherlant, pris en relais par des passages lyriques tirés d’une tragédie perdue d’Euripide à laquelle l’auteur dit avoir eu accès grâce à un manuscrit retrouvé, est convaincant et très beau."
De jardin à cour avec Marie Ordinis (2 Août 2006)
http://marieordinis.blogspot.fr/2006/08/pasipha-de-montherlant.html
« "Pasiphaé" - mais si, on s'y fie quand même. Excellente nouvelle : Le T.N.O. a entamé très discrètement depuis début Juillet un cycle Montherlant. L'intégrale, soit seulement 16 pièces en alternance, c'est beaucoup moins que pour le cycle Jeanne d'Arc par exemple. On ne se pardonnerait donc jamais, et puis pour d'autres raisons, de ne pas toutes les voir, d'ici fin décembre.
Comme on est prudent, on a commencé dès hier soir. Par une entrée atypique: "Pasiphaé" m.e.s. par Damiane Goudet. La pièce est -semble-t-il- composée d'extraits du Chant de Minos de Montherlant, et de "Pasiphaé" d'Euripide. Comme on ne connaissait aucun des deux textes, on a pas été gêné par les enchaînements.
Révision : Pasiphaé, Reine de Crète et épouse de Minos, éprouve une attirance violente et irrésistible pour un taureau. Jusqu'à y céder. De cette union naitra: le Minotaure, vous l'avez deviné.
Le sujet était donc très improbable, littéralement monstrueux. Et délicat à représenter.
Mais, de par la force du texte et/ou de l'interprétation, rien n'a basculé dans le ridicule, à aucun moment. Car c'était de la passion, extrême forcement, dont il était question, celle qui se considère elle-même horrifiée, qui craint et brûle de se dévoiler au monde, mais persiste à se consumer jusqu'à s'accomplir tristement, toute jouissance morte née.
Il faisait donc très chaud, le jeu halluciné de Pasiphaé était aussi grave que le lieu, le choeur féminin chantait juste et montait en crescendo, on se sentait plus que jamais taureau. »
Guy Degeorges - Un soir ou un autre (19 Juillet 2006)
http://unsoirouunautre.hautetfort.com/archive/2006/07/19/pasiphae-mais-on-s-y-fie-quand-meme1.html
« Zeus prit la forme d’un taureau pour séduire Europe, laquelle engendra alors Minos. Devenu roi de Crète, ce dernier demanda à Poséidon de lui dépêcher une bête semblable afin de la lui sacrifier. L’animal qu’il reçut était tellement superbe qu’il l’épargna, souhaitant en faire un reproducteur. Pour se venger le dieu de la mer rendit fou son taureau. Epouse de Minos, Pasiphaé la « toute lumineuse » fille du Soleil et déjà mère de nombreux enfants, se prit de passion pour l’animal divin et leur Minotaure vint au monde. Telle est la version de la mythologie de base. Poème dramatique, Pasiphaé fut écrit par Montherlant quelques années après que, toréant en Espagne, il ait été blessé par une incarnation de ce mythe solaire dont les relations entretenues de tous temps avec les humains le fascinaient, à l’égal des Anciens et de ces Occidentaux, qui, au Moyen-Âge représentaient volontiers des accouplements entre hommes et bêtes. S’il souhaite nous rendre proche son héroïne, le dramaturge le fait avec la fougue du poète de trente ans qu’il était alors et qui exalte la liberté d’un être revendiquant ses choix, quitte à en souffrir infiniment. A l’intention du chœur qui commente et juge la folie et la démesure de son personnage il a voulu une partition dans une langue sensuelle et lumineuse. Elle fait parfaitement écho à celle dont des extraits précèdent les dernières répliques de Minos résolu à châtier l’épouse scandaleuse. Soit une ultime scène où tous deux se jettent à la tête leurs déviances, congénitales ou non, et s’étreignent, pour se livrer ensuite à un simulacre de corps à corps, selon la mise en scène prenante de Damiane Goudet. Sur le plateau nu, elle a composé son chœur de quatre jeunes femmes fredonnant ou entonnant des airs à l’allure antique plus fascinants qu’un décor. Elles nous donnent le texte avec un égal bonheur. Félicie Fabre est la nourrice, chaleureuse et crédule, sensible au malheur de sa reine, cependant que celle-ci « sans fierté comme sans remords » lui demande de se borner à être son témoin: « Je suis ce que je suis et ne veux être rien d’autre ». A sa confidante sidérée, elle avait déjà déclaré: « Aujourd’hui, je recule la mort ». Minos, Françoua Garrigues a une présence véhémente à la hauteur de sa partenaire, Karine Laleu; Pasiphaé somptueuse, elle chante d’une voix à frémir, dit, danse et irradie le tout. Puis, comme insouciante, elle se prête au jeu proposé par sa très jeune fille Phèdre, fraîche et innocente, dont les interventions sont des ilôts de tendresse. L’assemblage de la Pasiphae et du Chant de Minos de Montherlant, pris en relais par des passages lyriques tirés d’une tragédie perdue d’Euripide à laquelle l’auteur dit avoir eu accès grâce à un manuscrit retrouvé, est convaincant et très beau."
Les 3 coups / De jardin à cour - Marie Ordinis (2 Août 2006)
http://marieordinis.blogspot.fr/2006/08/pasipha-de-montherlant.html